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Association loi 1901

Le physique et le mental au service de la performance

Nicolas LOCUSSOL

 
GESTION MENTALE DU SPORTIF
     
  COMPRENDRE LES SPORTIFS QUE L'ON A EN FACE DE NOUS  
     
 

Qu'est ce qui caractérise le joueur de football ?

a. L'harmonie

" Une chaîne se brise à son maillon le plus faible ".

On ne doit pas avoir une vision cartésienne des choses. Il est impératif de prendre le sportif dans son ensemble. L'objectif pour le sportif est de trouver un équilibre entre le corps, le mental et les émotions (véhicule, carte, carburant) pour être performant. La qualité de la performance dépendra de l'efficacité avec laquelle on développe ces 3 éléments.
Les habilités physiques ne suffisent plus si le mental est distrait et ou si les émotions sont agitées. Le problème chez les joueurs de football arrive habituellement lorsqu'il existe chez eux l'absence de la compétence à vivre une concurrence interne dans le groupe.

b. La personne

Fonctionne comme une pile : Face à vous, vous avez des personnes qui possèdent deux pôles: d'un côté des savoirs faire, des connaissances et de l'autre des ressources.

Pôle 1 - Les aspects objectifs qui correspondent à l'ensemble des connaissances, des savoirs, des acquis, des ressources que possède une personne.

Pôle 2 - Les aspects affectifs qui correspondent au MOI, à la personnalité, à l'affectif et aux problèmes personnels. Tous les états interne d'un sportif ont un impact direct sur la physiologie du sportif, sur ses pensées et au bout du compte sur ses performances. Ils constituent la porte d'accès aux capacités techniques, physiques et tactiques. Les états internes positifs (motivation, confiance, concentration,…) permettent d'ouvrir cette porte. Les états internes négatifs (découragement, doute, nervosité, etc.) ferment cette porte à double tour.

Explication

Que ce se passe t-il lorsque vous vous trouvez dans un milieu à haute pression. Si vous avez un des deux pôles de la batterie qui n'est pas chargée, l'évènement vous pénètre, et vous avez l'impression, d'être complètement envahie par ce dernier.
Vous doutez de tout, vous ne savez plus ce que vous savez faire. Si le pôle des connaissance n'est pas plein, je vais
automatiquement dans une reconnaissance de moi-même négative.

Le premier pôle (aspect objectifs) l'entraîneur s'en occupe, le second, on laisse généralement chaque joueur se débrouiller seul. Plus vous allez augmenter la pression, plus l'évènement va presser sur la personne et l'envahir. A ce moment là, il y une sorte de lutte, de stress car le sportif ne sais plus se dont il est capable de faire.

Face à ce problème, il existe trois comportements distincts:

Soit je fuis,
soit je me met en attente,
soit je m'engage.

L'engagement me paraît la solution le mieux adaptée dans le sport.

Il faut alors essayer de réduire la faille, qu'il y a entre ce que la personne sait, et le potentiel qu'elle exprime.


Pour chaque sportif, le fait d'être continuellement en compétition est très difficile. Chacun essaye de se protéger en construisant une belle image et de vivre en accord avec eux-mêmes. Dans l'univers où ils évoluent cela passe naturellement par de bons résultats sur le plan sportif. En cas de mauvais résultat, ils n'ont pas fait preuve de qualités qu'ils considèrent comme centrales dans leur schéma de soi. Ils doivent donc se protéger de la constitution d'un " soi possible " négatif afin d'éviter de se haïr ou de se mépriser…Pour y arriver certains sportifs rejettent toutes responsabilité personnelle (c'est la faute à l'arbitre, à la balle, au terrain…).C'est un stratégie auto-protectrice que tout le monde utilise plus ou moins consciemment.

Cependant, à la longue, cela devient ridicule. Il faut donc élaborer d'autres stratégies, dites anticipatrices, car on les appliquent avant de s'engager dans la tâche. En clair, on anticipe l'échec. Le principe est d'adopter spontanément un mode de pensée ou de comportements qui aident à négocier une situation de concurrence très risqué sur le plan affectif. Ces stratégies sont en général, assez efficace dans le maintien de l'estime de soi. Le sportif s'engage dans la compétition en faisant en sorte que l'échec éventuel ne puisse pas être attribué ensuite à un manque de compétences mais à un concours de circonstances dénué de conséquences affectives. C'est pourquoi on peut voir des sportifs très peu se préparer avant une compétition. Plus il y a de l'enjeu, moins on se prépare. Cela est logique que dans la mesure ou l'on se situe dans le plan de la sauvegarde de l'estime de soi. La dose d'effort que l'on est prêt à consentir pour parvenir à un but ne doit pas être trop importante parce que, en cas de résultat négatif, c'est son propre manque de compétence qui apparaîtra au grand jour. Elle ne doit pas être trop faible aussi, sinon on s'interdit de réussir. Il faut donc se situer entre les deux. L'idéal étant bien entendu de réussir sans travail et le pire de rater après avoir bûcher comme un malade.

En règle générale, ceux qui sont les plus sûrs d'eux-mêmes n'ont pas recours à ce type de stratégie. Ils peuvent donc se livrer à fond dans leur travail préparatoire, sans crainte d'un éventuel échec. Ces formes de stratégies concernent plutôt les sportifs qui doutent de leur réussite et qui se ménagent ainsi le moyen de sauver la face. De la même façon, un mauvais résultat sur une tâche excessivement difficile ne laissera pas apparaître un faible niveau de compétence. Parfois cette simple prise de conscience permet de libérer complètement la personne. On voit très souvent des équipes plus faibles ou des jeunes joueurs (en coupe de France) bousculant les plus grandes stars. A ce moment là, le challenger jouit d'une " liberté d'échouer " telle qu'il peut s'engager à fond dans la tâche sans avoir peur qu'un futur échec ne perturbe l'image de soi. C'est comme cela qu'il arrive que des petits poucets s'imposent dans les compétitions sur la scène internationale. Le gros problème réside dans la fait que nous sommes tous obnubilés et parfois paralyse par l'idée de ce que les autres pensent de nous. Le résultat en tant que tel importe assez peu par rapport à l'interprétation que l'on en fera.

Une autre stratégie consiste à se fixer des buts ou des tâches facilement réalisables. Il n'y a aucun risque d'échouer. De ce fait, les sportifs peuvent, parfois indéfiniment, continuer à éviter les sentiments d'échec. On retrouve cela, par exemple, chez les entraîneurs de foot qui annoncent avant chaque compétition qu'ils se satisferaient d'un résultat moyen. " Je suis prêt à signer des deux mains pour un match nul ". Une autre stratégie consiste à motiver ses joueurs en prédisant toujours des catastrophes. On a beau disposer d'une des meilleures équipes du championnat, le but avoué, c'est toujours d'éviter la relégation. On appelle cela du pessimisme défensif. Cela offre beaucoup d'avantages. En cas de résultats négatifs, l'entraîneur est couvert, " ne l'avait-il pas prédit ? " En même temps, il génère une grande anxiété chez ses joueurs qui les pousse d'ailleurs à se surpasser. Chaque victoire est vécue comme un véritable exploit. Cette stratégie obtient souvent de très bon résultats car contrairement à l'idée reçue, on ne puise pas toujours sa force dans les certitudes, mais souvent dans les doutes. Dans la situation de pessimisme défensif, le stress apparaît avant la compétition et laisse ensuite la place à une élévation du niveau habituel de l'effort. En revanche, les signes d'anxiété qui apparaissent pendant la performance s'avèrent, eux très préjudiciables.

Parmi tous les handicaps ou faiblesses possibles, la plus convaincante est l'anxiété. En affirmant que l'anxiété est responsable de leur mauvaise performance, certains sportifs adoptent le raisonnement qu'il est meilleur, pour eux, de paraître anxieux que de paraître incompétent. Dans la perspective de sauvegarde de l'estime de soi, l'anxiété est l'alibi la plus parfait. Les petits bobos avant une compétition sont aussi bien pratiques en mêmes temps pour servir d'excuse en cas de contre-performance. Les abandons sont aussi dur à supporter qu'un défaite, c'est pour cela que le sportif se construit souvent un scénario pour conserver un semblant de cohérence à son histoire. Mais souvent, le choc est tel que, très souvent, on abandonne complètement le domaine qui fait souffrir et on tente de valoriser d'autres aspects de sa vie. Parfois on change carrément de discipline sportive pour retrouver un minimum d'estime de soi. On recherche à attirer l'attention sur d'autres dimensions de sa personne.


 
  Bibliographie: Sport et vie n° 62  
www.locusport.net